CHAPITRE VINGT-CINQ

Alors que je marchais dans l’allée menant du dortoir des filles au bâtiment principal, je pensai qu’il ne serait pas très malin de me présenter devant Shekinah tendue et stressée. Je pris donc plusieurs inspirations purificatrices pour me calmer et mettre mes pensées au clair. J’essayai de me détendre et d’apprécier cette belle nuit, étonnamment douce pour la saison. Les lampes à gaz et les arbres dénudés projetaient de jolies ombres sur le gazon et les haies ; une brise légère portait l’odeur de cannelle et de terre que dégageaient les feuilles tapissant le sol. Je croisai des groupes d’élèves qui allaient aux dortoirs ou à la cafétéria en parlant et en riant. Plusieurs me dirent bonjour ; d’autres me saluèrent respectueusement. Malgré les problèmes que j’allais devoir affronter, j’étais optimiste. Je n’étais pas seule. Mes amis étaient avec moi, et pour la première fois depuis longtemps ils savaient tout. Je ne leur mentais pas, je n’esquivais pas leurs questions, et j’en étais très heureuse.

Nala sortit de l’ombre et s’approcha de moi en miaulant et en me jetant un regard plein de reproches. Elle sauta pour se jeter dans mes bras, et je la rattrapai tant bien que mal.  

— Hé, tu aurais pu prévenir, espèce de chat volant m’écriai-je avant d’embrasser la tache blanche sur soi museau et de lui chatouiller les oreilles.

Je m’éloignai de la partie fréquentée du campus, me dirigeant vers la section plus calme où se trouvaient la bibliothèque et les salles des professeurs. La nuit était vraiment belle ; le ciel d’Oklahoma, clair et rempli d étoiles scintillantes. Nala posa la tête sur mon épaule et se mit à ronronner, satisfaite.

Soudain, je sentis tout son corps se tendre.

— Nala ? Qu’est-ce qui... ?

Alors, j’entendis un croassement très proche. Le cri fut repris par un autre corbeau, puis un autre, et un autre encore. C’était terrifiant ! Je compris pourquoi 01 les appelait les Corbeaux Moqueurs. Si on l’écoutai attentivement, on décelait dans leur cri la mort, la peur et la folie. La brise tiède et parfumée céda la place à un néant glacial, comme si je venais de pénétrer dan un mausolée. Mon sang se figea.

Nala poussa un grognement, long et menaçant, scrutant par-dessus mon épaule l’obscurité qui enveloppait les chênes immenses, si familiers. Mais, ce soir, ils abritaient des monstres. Je me mis à marcher plus vite cherchant des yeux les élèves qui m’entouraient quelques minutes plus tôt. Personne ! Nala et moi étions seules, cernées par la nuit et ce qu’elle dissimulait.

Les corbeaux croassèrent de nouveau. Mes poils se dressèrent ; Nala gronda et cracha. Des ailes se mirent à battre autour de moi, si près que je sentais l’air froid quelles déplaçaient. Puis je les sentis, eux. Ils puaient la viande pourrie. Une odeur de mort, répugnante. Le goût de la peur envahit ma bouche.

D’autres croassements s élevèrent ; je voyais désormais dans l’obscurité des ombres mouvantes. J’aperçus quelque chose de brillant, acéré et crochu. Comment leurs becs pouvaient-ils luire à la lumière des lampes à gaz si les corbeaux n’étaient que des esprits ? Comment des esprits pouvaient-ils avoir une odeur ? Et, s’ils n’étaient plus des esprits, qu’est-ce que ça signifiait ?

Je m’arrêtai, ne sachant que faire : me mettre à courir ou rebrousser chemin ? Alors que je restais là, paralysée et indécise, une masse noire se détacha d’un arbre et fondit sur moi. Je la regardai s’approcher, haletant de terreur. Ses ailes horribles fendaient l’air putride, glacé. Et soudain je vis les yeux humains dans la tête déformée de l’oiseau... Et des bras, les bras d’un homme aux mains tordues, grotesques, en forme de serres, sales et déchiquetées. La créature ouvrit son bec crochu et poussa un cri à vous glacer le sang. 

— Non ! criai-je en reculant. Va-t’en ! 

Je fis volte-face et m’enfuis en courant. Il me rattrapa. Sentant ses mains froides sur mes épaules, je hurlai. Nala sauta par terre et se mit en position d’attaque. Les ailes immondes de la créature se déplièrent autour de moi, me clouant sur place. Elle s’appuya contre mon dos dans une parodie d’étreinte et passa la tête par-dessus mon épaule, de sorte que son bec se posa contre mon cou, là où mon pouls battait frénétiquement. Sa langue jaillit et me lécha la gorge comme si elle se préparait à la trancher.

J’étais figée par la peur : la vision d’Aphrodite était en train de se réaliser, sauf que c’était un démon qui allait me tuer, et non Neferet. « Non ! Ô déesse, non suppliai-je intérieurement. Esprit ! Appelle quelqu’un à mon secours ! »

— Zoey ? demanda la voix de Damien, portée par le vent.

— Damien, aide-moi, réussis-je à chuchoter.

— Vent, sauve Zoey ! cria-t-il.

À cet instant, une violente bourrasque souleva la créature dans les airs. Elle eut cependant le temps de glisser son bec sur ma gorge. Je tombai à genoux et portai la main à mon cou brûlant, m’attendant à y trouver du sang. Mais il n’y avait rien, à part une griffure qui me faisait terriblement mal.

Le battement d’ailes derrière moi me poussa à me relever et à me retourner. Mais désormais, le vent, qui soufflait doucement, n’était pas froid et n’empestait pas la mort. Il était familier, empli de la force de l’amitié de Damien. Le fait de réaliser que je n’étais pas seule  – que mes amis ne m’avaient pas abandonnée  – dissipa la panique qui m’avait fait perdre la tête, et mon cerveau se remit à fonctionner. Étaient-ce des esprits, des oiseaux monstrueux ou les esclaves des désirs tordus de Neferet ? Cela n’avait pas d’importance. Je savais comment les maîtriser.

Je me tournai vers l’est, levai les deux bras au-dessus de la tête et fermai les yeux, ignorant les moqueries des oiseaux maléfiques.

— Vent ! Souffle fort, souffle puissamment, et montre à ces créatures ce qu’il en coûte d’attaquer un être cher à la déesse !

Je projetai mes mains en avant, en direction des créatures qui avaient pris le contrôle de la nuit. Celle qui avait essayé de me trancher la gorge fut la première à être emportée par une rafale. Projetée contre le mur de pierre qui encerclait le campus, elle se décomposa et parut se dissoudre dans la terre.

— Tous ! m’écriai-je, la peur décuplant la force de ma voix. Emporte-les tous !

Je ressentis un énorme soulagement lorsque les croassements moqueurs des corbeaux se transformèrent en cris de panique, avant de s’évanouir. Alors, je baissai mes bras tremblants.

— Au nom de ma déesse, Nyx, je te remercie, vent. Je te libère, et te prie de dire à Damien que je vais bien maintenant.

Avant de me quitter, le vent caressa brièvement mon visage et s’emplit soudain d’autres présences que celle de Damien. Sa chaleur me rappelait Shaunee, et son odeur évoquait la force vitale d’une pluie de printemps, signe qu’Erin était là également. Les trois éléments de mes amis s’étaient réunis pour créer une brise réparatrice qui enveloppa mon cou telle une écharpe de soie, apaisant ma blessure. Lorsque la douleur eut complètement disparu, le vent s’en alla, emportant avec lui la chaleur du feu et la touche calmante de l’eau, me laissant seule dans la nuit paisible et le silence.

J’effleurai ma gorge : rien, pas une égratignure. Je fermai les yeux et rendis grâce à Nyx de m’avoir donné de tels amis. Avec leur aide, j’avais déjoué une des visions de mort d’Aphrodite. Il n’en restait plus qu’une à affronter...

Je pris Nala dans mes bras et, la serrant contre moi, je partis aussi vite que possible, essayant de maîtriser les tremblements qui secouaient tout mon corps.

 

J’étais agitée et ultrasensible quand j’arrivai devant le bâtiment principal. Comme mon instinct me soufflait qu’on ne devait pas me voir dans cet état, j’appelai l’esprit et m’enveloppai de silence et d’obscurité. Je me déplaçai donc dans les couloirs presque déserts sans que personne me remarque. Ce stratagème me donnait une impression de détachement, comme si je ne cachais pas seulement mon corps, mais aussi mes pensées. Alors que je m’approchais de la salle du conseil, la peur mêlée au sentiment de triomphe qui frémissait en moi se calma peu à peu et je commençai à respirer plus facilement.

Même si ce n’était pas la main de Neferet qui avait essayé de m’égorger, je savais au fond de moi que la grande prêtresse n’était pas étrangère à ce qui s’était passé.

Je réfléchis : pourrais-je vaincre à nouveau les Corbeaux Moqueurs ? Sous cette forme, moitié esprit, moitié humaine, oui  – avec l’aide de mes amis et des éléments.

Pourrais-je les vaincre s’ils étaient pleinement formés et en possession de tout leur pouvoir ?

Je frissonnai, terrifiée. Puis je fis ce qu’aurait fait n’importe quel adolescent normal : je décidai d’y penser plus tard. Un proverbe me vint à l’esprit : « À chaque jour suffît sa peine », et je plongeai dans le monde merveilleux du déni.

Sans un bruit, je gravis l’escalier menant à la salle du conseil, en face de la bibliothèque, où j’espérais trouver Shekinah. Je m’apprêtais à ouvrir la porte lorsque j’entendis une voix familière, et je me félicitai d’avoir suivi mon instinct et de m’être dissimulée.

— Alors, vous admettez la ressentir, vous aussi, cette impression que quelque chose ne tourne pas rond ?

— Oui, Neferet, j’ai le sentiment dérangeant que quelque chose ne va pas, dans cette école. Rappelez-vous, je me suis toujours opposée à ce qu’on rachète ce campus aux moines de Cascia Hall, il y a cinq ans.

— Nous avions besoin d’une Maison de la Nuit dans cette partie du pays.

— Al’époque, je n’étais pas d’accord avec cet argument, et je ne le suis pas plus aujourd’hui. Ces morts récentes prouvent que nous ne devrions pas être ici.

— Ces meurtres prouvent, au contraire, qu’il nous faut une présence renforcée ici, et dans le monde entier ! s’emporta Neferet.

— Je l’entendis inspirer à fond, comme si elle s’efforçait de se maîtriser. Lorsqu’elle reprit la parole, sa voix était beaucoup plus calme.

— Ce mauvais pressentiment dont nous parlions n’a rien à voir avec vos réticences à ouvrir cette école. Il s’agit de quelque chose de différent, de plus maléfique, qui a empiré ces derniers mois.

Il y eut un long silence avant que Shekinah ne ponde.

— Je ressens effectivement de la malveillance ici, sans pouvoir la nommer. Elle me semble cachée, dissimulée dans quelque chose qui ne m’est pas familier.

— Moi, je suis en mesure de la nommer, dit Neferet.

— Que soupçonnez-vous ?

— J’en suis venue à croire que le mal a pris l’apparence d’un élève, et c’est pour cela qu’il va être difficile à révéler.

— Je ne comprends pas, Neferet. Suggérez-vous qu’un des novices porte le mal en lui ?

— Cela m’attriste beaucoup, mais j’en suis persuadée, oui.

Neferet parlait d’une voix emplie de tristesse, comme si elle n’osait pas révéler ce qu’elle soupçonnait. Je secouai la tête : quelle comédienne !

— Je vous le demande de nouveau : que suspectez-vous ?

— Pas « que », mais « qui », répondit Neferet. Shekinah, ma sœur, cela me blesse, mais ce malaise profond que je ressens, que vous ressentez, a commencé le jour de l’arrivée d’une élève dans notre Maison de la Nuit, et depuis il ne fait que s’intensifier.

Elle fit une pause, et, même si je savais ce qui allait suivre, je fus choquée en l’entendant dire :

— Je crains que Zoey ne cache un terrible secret.

— Zoey ? s’écria Shekinah. Mais elle est la novice la plus douée de l’histoire ! Jamais un élève n’a pu contrôler les cinq éléments, entouré de pairs aussi puissants. Ses plus proches amis possèdent tous une affinité avec un élément. Comment pourrait-elle être si douée et porter le mal en elle ?

— Je ne cesse de me poser cette question... La voix de Neferet se brisa.

— Je suis son mentor, reprit-elle. Imaginez combien il m’est difficile de penser ces choses, et plus encore de vous les révéler !

— De quelles preuves disposez-vous pour appuyer vos dires ? demanda Shekinah, qui, à mon grand soulagement, ne semblait pas convaincue.

— Un adolescent qui était autrefois son amant a failli être tué par des esprits quelle avait invoqués quelques jours seulement après avoir été marquée.

Heath et moi, amants ? C’était faux, Neferet le savait très bien. Et ce n’était pas moi qui avais appelé ces esprits maléfiques, mais Aphrodite. Oui, ils auraient dévoré Heath  – et Erik  – si je ne les en avais pas empêchés, avec l’aide de Lucie, de Damien et des Jumelles.

— Un mois plus tard, deux autres adolescents avec qui elle avait, disons, une relation intime ont été enlevés et brutalement assassinés. Quand un autre humain a disparu, la communauté a commencé à paniquer et, comme par hasard, Zoey l’a sauvé.

Oh, déesse ! Neferet mentait sans vergogne ! C’étaient ses horribles morts vivants qui avaient tué les deux footballeurs d’Union, et je n’avais certainement pas eu de relations intimes avec eux ! J’avais (encore) sauvé Heath, je l’avais arraché aux griffes de ses sous-fifres répugnants et sanguinaires !

— Quoi d’autre ? demanda Shekinah avec calme.

— La dernière partie est la plus difficile à admettre... Zoey comptait énormément pour Patricia Nolan. Elles ont passé beaucoup de temps ensemble avant que Patricia soit assassinée.

Je l’écoutais, révoltée. Bien sûr, j’avais apprécié le professeur Nolan, et cela avait été réciproque, mais je n’avais jamais passé de temps avec elle.

Je sus alors quelle serait sa prochaine accusation.

— Et j’ai des raisons de croire que Zoey était devenue la maîtresse de Loren Blake juste avant qu’il soi lui aussi assassiné. À vrai dire, je suis sûre qu’ils avaient imprimé.

Neferet se mit à sangloter.

— Pourquoi n’avez-vous pas fait un rapport au conseil ? lui reprocha sévèrement Shekinah.

— Qu’aurais-je pu dire ? Que je pensais que la plus douée des novices s’était alliée avec les forces du mal î Comment aurais-je pu porter une telle accusation contre une jeune fille, avec pour seules preuves des coïncidences, des suppositions et un pressentiment ?

C’était pourtant exactement ce qu’elle était en train de faire !

— Mais, Neferet, si un novice commence à fréquenter un professeur, il est du devoir d’une grande prêtresse d’y mettre un terme et d’en informer le conseil.

— Je sais ! s’écria Neferet, qui pleurait toujours. J’ai eu tort. J’aurais dû réagir. Si je l’avais fait, j’aurais peut-être pu empêcher sa mort.

Il y eut un long silence, puis Shekinah reprit la parole :

— Vous et Loren étiez amants, n’est-ce pas ?

— Oui ! sanglota Neferet.

— Vous avez conscience que votre relation avec Loren pourrait influencer votre jugement ?

— Oui, répondit la grande prêtresse, faisant semblant de se reprendre. C’est également pour cela que j’hésitais à confier mes soupçons.

— Avez-vous sondé l’esprit de Zoey ? Je frissonnai.

— J’ai essayé. Je ne peux pas lire dans ses pensées.

— Et ses amis ? Les autres novices aux affinités puissantes ?

Je tendis l’oreille, inquiète.

— J’ai vérifié de temps à autre. Je n’ai rien trouvé d’anormal. Pour l’instant.

Shekinah soupira.

— C’est une bonne chose que je sois ici jusqu’à la fin du semestre ! Je vais observer Zoey et ses amis. Il y a des chances, de grandes chances, pour que Zoey soit au cœur de tous ces événements uniquement parce qu’elle est très puissante. Peut-être a-t-elle été placée ici par Nyx pour contrecarrer les projets du mal.

— Je l’espère sincèrement, lâcha Neferet. 

Je serrai les poings : quelle menteuse !

— Nous allons la surveiller, répéta Shekinah.

— Méfiez-vous des faveurs qu’elle vous demandera, dit Neferet.

Quoi ? Des faveurs ? Je ne lui avais jamais demandé de faveurs ! Soudain, je compris ce que faisait cette garce : elle essayait de faire en sorte que Grand-mère ne puisse pas séjourner sur le campus.

Un profond malaise m’envahit subitement : comment savait-elle que Grand-mère allait venir ?

Un énorme chahut dehors couvrit la réponse de Shekinah. Je m’approchai d’une fenêtre et regardai dans la cour. Je mis la main sur la bouche pour ne pas éclate de rire.

Duchesse, aboyant comme une folle, poursuivait Maléfique, qui crachait et sifflait. Aphrodite courait après le chien, lui criant : « Stop ! Arrête ! Laisse-la tranquille ! » Damien, qui la talonnait, agitait les bras et hurlait : « Duchesse ! Au pied ! » Tout à coup, le chat des Jumelles, l’énorme Belzébuth, se mêla à la farandole pour pourchasser Duchesse.

— Non ! Belzébuth ! cria Shaunee de toutes ses forces.

— Belzébuth ! Duchesse ! Arrêtez ! glapit Erin.

À cet instant, Darius apparut dans le couloir ; je me cachai derrière les rideaux, me demandant s’il pouvait me détecter. Apparemment non, car il entra dans la salle du conseil sans me prêter attention. Je l’entendis dire à Neferet qu’on avait besoin d’elle dehors, où il y avait une « altercation ». Neferet sortit précipitamment.

Je notai que je n’avais pas vu Jack.

Voilà ce que j’appelais une excellente diversion !

[La Maison de la Nuit 04] Rebelle
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